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Post Info TOPIC: Les Demoiselles du Taranne... censurées?
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Les Demoiselles du Taranne... censurées?
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Bonsoir à tous,

Plongé dans la lecture du dernier tome du Journal de G. Matzneff, j'ai remarqué que celui-ci a subi de nombreux "caviardages". L'auteur nous prévient d'ailleurs très habilement dès la dédicace à Me Pierrat, avocat "littéraire" bien connu.

Etait-ce la seule solution pour que ce journal 1988 paraisse? Mr Matzneff a-t-il subi des pressions ou des menaces?

Certains caviardages sont logiques (adresses, noms de médécins, fonction ministérielle du père de "Baby-Boom"...), d'autres, en revanche, semblent indiquer une censure nouvelle touchant l'âge des amant(e)s de l'auteur... ainsi des passages concernant le jeune philippin June sont régulièrement tronqués.

Paradoxalement, G.M. avait pu, naguère, préciser l'âge de Vanessa (14 ans) dans La Prunelle de mes yeux et ne rien censurer. Détail étonnant pour un lecteur de La Prunelle de mes yeux, forcément averti de l'âge de Vanessa, celui-ci est censuré dans ces Demoiselles du Taranne,dès que l'auteur évoque leurs amours d'avant son 15ème anniversaire.Détail qui ne laisse donc pas de surprendre: ce qui pouvait être dit et publié en 1993, ne le serait plus en 2007?

Que s'est-il passé entre temps? cette censure est-elle le résultat de dispositions légales? ou simple effet d'un ordre moral et hypocrite qui nie l'existence même de cet amour-passion qui unissait Gabriel à Vanessa? doit-on craindre que les rééditions futures des oeuvres de Mr Matzneff soient elles aussi censurées? et quid d'oeuvres "légalement immorales" comme Lolita ou les oeuvres de Sade?

Je remercie Gabriel Matzneff de nous donner le plaisir de pouvoir lire ce journal, mais je m'étonne que notre justice, si laxiste dans bien des domaines, ne trouve rien de plus urgent que de surveiller et de menacer (directement ou indirectement) un écrivain pour des faits qui remontent à presque 20 ans!

Des faits? que dis-je, simplement de l'amour...

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Dès l'instant où j'ai appris que le nouveau tome du Journal de Gabriel Matzneff serait censuré par le capitaine «crochets » des éditions Gallimard, j'ai pensé aux apocryphes bibliques.
Ces livres mystérieux et inspirés ne sont pas reconnus par le sacro-saint droit canon de l'Eglise non plus, mais leur existence révèle que la censure littéraire existe depuis la nuit des temps.
Cest au IV e siècle que saint Jérôme élabore la Vulgate, mais il a fallu attendre le concile de Trente en 1546 pour que la version officielle de la traduction latine de la Bible fut autorisée par l'Eglise d'Occident. Le Christ aussi devait être un très «mauvais sujet » Dailleurs, je me souviens des années cinquante, «du siècle dernier», quand l'accès au Livre Saint n'était réservé qu'aux ecclésiastiques initiés. C.Q.F.D. !
Cest vrai qu'il faut s'indigner contre l'injustice et la réapparition du grand ordre moral, si désastreuses pour le véritable artiste, et plaider pour la liberté d'expression, sans relâche. Pourtant, j'avoue que dès les premières pages des Demoiselles du Taranne, j'ai été si captivée par le tempo endiablé du style, que ma curiosité, qui aurait pu être de nature indiscrète, s'est vite dissipée et a cédé le pas à l'émotion et à la volupté.
Comparer le style de l'adolescent écorché vif de «Cette camisole de flammes » des années 53-62 avec celui du nouveau tome est un plaisir, car le Journal de Gabriel Matzneff se lit comme on lirait un vrai grand roman damour (torride) mais où le mot «fin » ne figure jamais
Il n'est pas impossible que les nouvelles répressions de la morale reprennent leur source dans une de ces dérives du narcissisme hystérique du féminisme (une tautologie), car certaines femmes dominatrices ont la rancune tenace.
Dans «Les passions schismatiques » et «Les moins de seize ans » qui datent de 1974 et 1977, Nostradamus Junior avait déjà décelé les embryons qui auguraient des temps périlleux pour les amoureux hors-la-loi.
Un écrivain qui soffre la liberté de renoncer à l'anesthésie ambiante, bien-pensante, en boudant «la péridurale » - cette piqûre qui, comme on le sait, est pratiquée dans la zone de «la dure-mère » (cela ne sinvente pas) du cerveau pour se délivrer des souffrances, dont celles du travail de l'accouchement - pour les mères pondeuses et porteuses, c'est le monde à l'envers. Un artiste qui ose écrire quil enfante ses bébés-livres magnifiques dans les tourments et les douleurs de l'amour fou, et de l'amour tout court (celui de sa tendresse pour Baby-Boom), ne peut être qu'un rival, l'ennemi public number one, qu'il faut museler au plus vite parce qu'il est à la fois l'Ogre et Barbe-Bleue.
Mais non, voyons, Mesdames, Matzneff est un grand amoureux, et pour ses complices, l'essentiel est quil ne renonçât jamais à publier son Journal intime. Grâce à Dieu.
Quant aux amputations opérées par l'attentif Capitaine crochets, elles font que le manuscrit des Demoiselles n'en devient que plus précieux, parce qu'énigmatique et clandestin, comme un apocryphe... V.S.



-- Edited by vera at 18:28, 2007-04-03

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